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Théorie Comportementale de la Firme

Pendant longtemps, ni l’existence d’objectifs et de buts multiples au sein des organisations ni la façon dont ces buts se formaient n’ont réellement été questionnées. En 1963, à partir d’études de cas, Cyert et March montrent que, dans une organisation, il existe un vague consensus sur les objectifs globaux mais pas sur les objectifs locaux des différentes composantes de l’organisation. Ceux-ci sont l’objet d’un processus de négociation interne entre différentes « coalitions ». Tout semble se passer comme si des groupes d’acteurs dans l’organisation tentaient de capturer le surplus de ressources que l’organisation produit de par son activité (le « slack »). La fixation des objectifs dépend donc de ces coalitions et de leur composition. Elle dépend aussi de la façon dont les processus de décision sont organisés ou encore d’informations relatives aux objectifs et à la performance passés de l’organisation. Ces informations, en particulier, sont manipulées par les acteurs dans la limite de règles et de procédures cadrant les processus de décision et dont le but est de maintenir la cohérence de l’organisation, et, en dépit des négociations permanentes internes, d’y réduire l’incertitude. Il résulte de tout cela que c’est une forme de rationalité locale qui domine (la partition de problèmes en sous-problèmes) ainsi qu’un mode de traitement des problèmes séquentiel et linéaire.

Avis de l’Observatoire : les travaux de Cyert et March sont désignés sous l’appellation « théorie comportementale de la firme ». Ils s’inscrivent dans une critique large des approches néo-classiques de la firme, en économie, dans l’immédiate après-guerre. Cette critique porte d’abord sur la rationalité, suivant les développements d’Herbert Simon (qui introduit le concept de rationalité limitée ou « bounded rationality »). La rationalité des acteurs de l’organisation, dans un contexte de forte incertitude, de cloisonnement et de capacités cognitives limitées, est toute relative. La critique porte également sur l’idée que la firme cherche à maximiser son profit. L’existence de managers non propriétaires de la firme contredit en effet cette idée, d’ailleurs fondamentale dans un grand nombre de travaux en économie. Par ailleurs, l’hypothèse selon laquelle un seul critère (la maximisation du profit) prévaudrait est directement attaquée par la théorie comportementale de la firme qui, implicitement, autorise une représentation de la firme sous forme d’un ensemble d’objectifs parfois contradictoires.

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