Théorie néo-institutionnelle
Pourquoi une banque indienne est-elle structurée comme une banque allemande ? Ces organisations ne font-elles pas face à des contraintes opérationnelles très distinctes qui devraient les conduire à s’organiser différemment ?
La théorie néo-institutionnelle met l’accent sur les pressions institutionnelles qui s’exercent sur les organisations et les font converger vers des structures et des pratiques similaires. Soumises aux mêmes lois et règlements, employant les mêmes profils d’employés et de dirigeants, les organisations succombent au mimétisme. C’est le phénomène « d’isomorphisme » décrit par DiMaggio & Powell (1983) : dans l’incertitude, les organisations s’observent, s’imitent les unes les autres, et finissent par se ressembler.
C’est que, pour être légitime, une organisation doit se conformer aux « mythes rationnels » qui peuplent son environnement, ces croyances qui font lois. Meyer & Rowan (1977) montrent ainsi comment les organisations peuvent être contraintes de « découpler » leurs activités pour projeter une image de conformité aux attentes de la société tout en répondant aux contraintes opérationnelles. Gare au coût de l’illégitimité : une entreprise performante sur le plan économique mais jugée non conforme risque de perdre le soutien de ses parties prenantes (employés, investisseurs, clients, etc.) au point in fine de disparaître.
Avis de l’Observatoire : développée originellement en réaction aux théories plaçant les managers aux commandes, la théorie institutionnelle met l’accent sur l’importance du contexte institutionnel et social, qui à la fois contraint et facilite l’action des organisations. La théorie permet notamment d’expliquer la diffusion, l’institutionnalisation et, parfois, la désinstitutionalisation de pratiques, de croyances et d’outils managériaux – dont beaucoup sont aujourd’hui au Musée du Management.
Ce courant théorique, ancré historiquement à Stanford, s’est fortement développé, au point de devenir dominant en théorie des organisations au tournant du siècle. Les dernières évolutions de la théorie donnent un plus grand rôle aux individus dans l’organisation au travers de concepts tels que celui de « l’entrepreneur institutionnel ». Une autre branche de la théorie s’intéresse à la complexité des environnements modernes, où coexistent des parties prenantes obéissant à diverses « logiques institutionnelles », parfois contradictoires (logique de marché, logique de l’Etat, logique d’une profession, etc.).